ÉDUCATION & GUIDANCE
Amour, Douceur, Respect, Confiance, Cohérence, Congruence… Sécurité,
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« La véritable éducation consiste à enseigner à tirer le meilleur de soi-même » Gandhi
La question n’est pas seulement: « quelle planète laisserons-nous à nos enfants? » mais aussi:« Quels enfants laisserons-nous à notre planète? » Pierre Rabhi
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Si un enfant vit dans la critique,
Il apprend à condamner.
Si un enfant vit dans l’hostilité,
Il apprend à se battre.
Si un enfant vit dans le ridicule,
Il apprend à être gêné.
Si un enfant vit dans la honte,
Il apprend à se sentir coupable.
Si un enfant vit dans la tolérance,
Il apprend à être patient
Si un enfant vit dans l’encouragement,
Il apprend à être confiant.
Si un enfant vit dans la motivation,
Il apprend à se faire valoir.
Si un enfant vit dans la loyauté,
Il apprend la justice.
Si un enfant vit dans la sécurité,
Il apprend la foi
Si un enfant vit dans l’approbation,
Il apprend à s’aimer.
Si un enfant vit dans l’acceptation et l’amitié,
Il apprend à trouver l’amour dans le monde.
Dorothy Law Nolte.
LA LIBERTÉ
Vous serez vraiment libres non pas lorsque vos jours seront sans soucis et vos nuits sans désir ni peine, mais plutôt lorsque votre vie sera enrobée de toutes ces choses et que vous vous élèverez au-dessus d’elles, nus et sans entraves.
Et comment vous élèverez-vous au-dessus de vos jours et de vos nuits sinon en brisant les chaînes qu’à l’aube de votre intelligence vous avez nouées autour de votre heure de midi ?
En vérité, ce que vous appelez liberté est la plus solide de ces chaînes, même si ses maillons brillent au soleil et vous aveuglent.
Et qu’est-ce sinon des fragments de votre propre moi que vous voudriez écarter pour devenir libres?
Si c’est une loi injuste que vous voulez abolir, cette loi a été écrite de votre propre main sur votre propre front.
Vous ne pourrez pas l’effacer en brûlant vos livres de lois ni en lavant les fronts de vos juges, quand bien même vous y déverseriez la mer.
Et si c’est un despote que vous voulez détrôner, veillez d’abord à ce que son trône érigé en vous soit détruit.
Car comment le tyran pourrait-il dominer l’homme libre et fier si dans sa liberté ne se trouvait une tyrannie et dans sa fierté, un déshonneur?
Et si c’est une inquiétude dont vous voulez vous délivrer, cette inquiétude a été choisie par vous plutôt qu’imposée à vous.
Et si c’est une crainte que vous voulez dissiper, le siège de cette crainte est dans votre cœur, et non pas dans la main que vous craignez.
En vérité, toutes ces choses se meuvent en votre être dans une perpétuelle et demi-étreinte, ce que vous craignez et ce que vous désirez, ce qui vous répugne et ce que vous aimez, ce que vous recherchez et ce que vous voudriez fuir.
Ces choses se meuvent en vous comme des lumières et des ombres attachées deux à deux.
Et quand une ombre faiblit et disparaît, la lumière qui subsiste devient l’ombre d’une autre lumière.
Ainsi en est-il de votre liberté qui, quand elle perd ses chaînes, devient elle-même les chaînes d’une liberté plus grande encore. Khalil GIBRAN
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Lire des livres aux tout-petits, c’est bon pour leurs méninges !
Les jeunes enfants issus de familles adeptes de la lecture montrent des signes d’activation neuronale plus élevés dans une région de l’hémisphère gauche du cerveau que leurs pairs du même âge. Cette zone du cortex incarnerait un point nodal dans l’intégration des stimuli visuels et auditifs. Sollicitée lorsqu’un enfant lit lui-même, elle serait activée très tôt chez le tout-petit à qui l’on fait la lecture. Telle est la conclusion d’une étude conduite par des chercheurs américains, publiée dans la revue Pediatrics. Cette recherche a concerné dix-neuf enfants âgés de 3 à 5 ans, issus de familles aux pratiques de lecture très variées. L’activité cérébrale de ces enfants a été observée par IRM fonctionnelle, pendant qu’on leur lisait une histoire avec des rebondissements. Pourquoi la région du cerveau responsable du traitement des stimuli visuels s’active-t-elle ? En fait, les enfants imaginent le récit. Ils développent une aptitude qui pourrait « les aider à associer des images à des mots plus tard », soulignent les chercheurs. L’impact est aussi positif sur les capacités langagières car l’écrit offre une plus grande variété de vocabulaire que la langue orale. La lecture sur tablettes ou liseuses produit-elle les mêmes effets ? Les chercheurs supposent que oui, à condition que le parent reste impliqué dans le processus de lecture et que l’enfant soit encouragé à utiliser son imagination.
John Hutton et al., « Home reading environment and brain activation in preschool children listening to stories », Pediatrics, 10 août 2015.
Apprendre l’amour inconditionnel aux enfants. Ils y arrivent vite, plus vite que les adultes.
Un neurologue américain, Richard Davidson, a mis en place un programme de 10 semaines de bienveillance dans les écoles maternelles. Pendant 45 minutes, 3 à 4 fois par semaine, les éducateurs font faire aux enfants de 4 à 5 ans des exercices de gratitude, de coopération et d’entre-aide. Les petits prennent ainsi conscience des émotions de leurs camarades. Les résultats sont extraordinaires : moins de conflits, plus de réconciliations et une chute de la discrimination.
… Les éducateurs distribuent des autocollants positifs aux enfants et ils leur demandent de les répartir dans quatre enveloppes sur lesquelles ils voient quatre photos différentes : celle de leur meilleur ami, d’un enfant qu’ils n’aiment pas, d’un enfant inconnu et d’un enfant malade.
Avant les 10 semaines, les enfants donnent presque tout à leur meilleur ami/amie, mais après le cursus, ils mettent la même quantité d’autocollants dans chaque enveloppe sans discrimination…
Rapporté par Gabriel Combris
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« Avec tout l’argent du monde, on ne fait pas des hommes, mais avec des hommes et qui aiment, on fait tout.« Abbé Pierre
« Ce n’est pas assez de posséder le soleil si nous ne sommes pas capables de le donner. » Paul Claudel
« Toutes les fleurs de l’avenir sont dans les semences d’aujourd’hui » sagesse chinoise
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Lettre de Jean Jaurès aux instituteurs
« Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire, à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confèrent, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de nos misères : l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fermeté unie à la tendresse. Il faut qu’ils puissent se représenter à grands traits l’espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l’instinct, et qu’ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s’appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l’âme en éveillant en eux le sentiment de l’infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c’est par lui que nous triompherons du mal, de l’obscurité et de la mort.
Eh ! Quoi ? Tout cela à des enfants ! – Oui, tout cela, si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à épeler… J’entends dire : « À quoi bon exiger tant de l’école ? Est-ce que la vie elle-même n’est pas une grande institutrice ? Est-ce que, par exemple, au contact d’une démocratie ardente, l’enfant devenu adulte, ne comprendra pas de lui-même les idées de travail, d’égalité, de justice, de dignité humaine qui sont la démocratie elle-même ? » – Je le veux bien, quoiqu’il y ait encore dans notre société, qu’on dit agitée, bien des épaisseurs dormantes où croupissent les esprits. Mais autre chose est de faire, tout d’abord, amitié avec la démocratie par l’intelligence ou par la passion. La vie peut mêler, dans l’âme de l’homme, à l’idée de justice tardivement éveillée, une saveur amère d’orgueil blessé ou de misère subie, un ressentiment ou une souffrance. Pourquoi ne pas offrir la justice à nos cœurs tout neufs ? Il faut que toutes nos idées soient comme imprégnées d’enfance, c’est-à-dire de générosité pure et de sérénité.
Comment donnerez-vous à l’école primaire l’éducation si haute que j’ai indiquée ? Il y a deux moyens. Tout d’abord que vous appreniez aux enfants à lire avec une facilité absolue, de telle sorte qu’ils ne puissent plus l’oublier de la vie, et que dans n’importe quel livre leur œil ne s’arrête à aucun obstacle. Savoir lire vraiment sans hésitation, comme nous lisons vous et moi, c’est la clef de tout…. Sachant bien lire, l’écolier, qui est très curieux, aurait bien vite, avec sept ou huit livres choisis, une idée très haute de l’histoire de l’espèce humaine, de la structure du monde, de l’histoire propre de la terre dans le monde, du rôle propre de la France dans l’humanité. Le maître doit intervenir pour aider ce premier travail de l’esprit ; il n’est pas nécessaire qu’il dise beaucoup, qu’il fasse de longues leçons ; il suffit que tous les détails qu’il leur donnera concourent nettement à un tableau d’ensemble.
De ce que l’on sait de l’homme primitif à l’homme d’aujourd’hui, quelle prodigieuse transformation ! Et comme il est aisé à l’instituteur, en quelques traits, de faire, sentir à l’enfant l’effort inouï de la pensée humaine ! Seulement, pour cela, il faut que le maître lui-même soit tout pénétré de ce qu’il enseigne. Il ne faut pas qu’il récite le soir ce qu’il a appris le matin ; il faut, par exemple, qu’il se soit fait en silence une idée claire du ciel, du mouvement des astres ; il faut qu’il se soit émerveillé tout bas de l’esprit humain qui, trompé par les yeux, a pris tout d’abord le ciel pour une voûte solide et basse, puis a deviné l’infini de l’espace et a suivi dans cet infini la route précise des planètes et des soleils ; alors, et alors seulement, lorsque par la lecture solitaire et la méditation, il sera tout plein d’une grande idée et tout éclairé intérieurement, il communiquera sans peine aux enfants, à la première occasion, la lumière et l’émotion de son esprit. Ah ! Sans doute, avec la fatigue écrasante de l’école, il est malaisé de vous ressaisir ; mais il suffit d’une demi-heure par jour pour maintenir la pensée à sa hauteur et pour ne pas verser dans l’ornière du métier. Vous serez plus que payés de votre peine, car vous sentirez la vie de l’intelligence s’éveiller autour de vous.
Il ne faut pas croire que ce soit proportionner l’enseignement aux enfants que de le rapetisser. Les enfants ont une curiosité illimitée, et vous pouvez tout doucement les mener au bout du monde. Il y a un fait que les philosophes expliquent différemment suivant les systèmes, mais qui est indéniable : « Les enfants ont en eux des germes de commencements d’idées. » Voyez avec quelle facilité ils distinguent le bien du mal, touchant ainsi aux deux pôles du monde ; leur âme recèle des trésors à fleur de terre ; il suffit de gratter un peu pour les mettre à jour. Il ne faut donc pas craindre de leur parler avec sérieux, simplicité et grandeur.
Je dis donc aux maîtres pour me résumer : lorsque d’une part vous aurez appris aux enfants à lire à fond, et lorsque, d’autre part, en quelques causeries familières et graves, vous leur aurez parlé des grandes choses qui intéressent la pensée et la conscience humaine, vous aurez fait sans peine en quelques années œuvre complète d’éducateurs. Dans chaque intelligence il y aura un sommet, et, ce jour-là, bien des choses changeront. » La Dépêche de Toulouse, 15 janvier 1888. image: le cadran scolaire, Robert Doisneau
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Le plus grand obstacle à la vie est l’attente qui espère demain et néglige aujourd’hui. Sénèque
Victor Hugo, a écrit ce magnifique poème après la visite d’un bagne en 1881
Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne.
Quatre vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l’école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d’une croix.
C’est dans cette ombre-là qu’ils ont trouvé le crime.
L’ignorance est la nuit qui commence l’abîme.
Où rampe la raison, l’honnêteté périt.
Dieu, le premier auteur de tout ce qu’on écrit,
A mis, sur cette terre où les hommes sont ivres,
Les ailes des esprits dans les pages des livres.
Tout homme ouvrant un livre y trouve une aile, et peut
Planer là-haut où l’âme en liberté se meut.
L’école est sanctuaire autant que la chapelle.
L’alphabet que l’enfant avec son doigt épelle
Contient sous chaque lettre une vertu, le cœur
S’éclaire doucement à cette humble lueur.
Donc au petit enfant donnez le petit livre.
Marchez, la lampe en main, pour qu’il puisse vous suivre.
La nuit produit l’erreur et l’erreur l’attentat.
Faute d’enseignement, on jette dans l’état
Des hommes animaux, têtes inachevées,
Tristes instincts qui vont les prunelles crevées,
Aveugles effrayants, au regard sépulcral,
Qui marchent à tâtons dans le monde moral.
Allumons les esprits, c’est notre loi première,
Et du suif le plus vil faisons une lumière.
L’intelligence veut être ouverte ici-bas,
Le germe a droit d’éclore, et qui ne pense pas
Ne vit pas. Ces voleurs avaient le droit de vivre.
Songeons-y bien, l’école en or change le cuivre,
Tandis que l’ignorance en plomb transforme l’or.
Je dis que ces voleurs possédaient un trésor,
Leur pensée immortelle, auguste et nécessaire,
Je dis qu’ils ont le droit, du fond de leur misère,
De se tourner vers vous, à qui le jour sourit,
Et de vous demander compte de leur esprit,
Je dis qu’ils étaient l’homme et qu’on en fit la brute,
Je dis que je nous blâme et que je plains leur chute,
Je dis que ce sont eux qui sont les dépouillés,
Je dis que les forfaits dont ils se sont souillés
Ont pour point de départ ce qui n’est pas leur faute,
Pouvaient-ils s’éclairer du flambeau qu’on leur ôte?
Ils sont les malheureux et non les ennemis.
Le premier crime fut sur eux-mêmes commis,
On a de la pensée éteint en eux la flamme:
Et la société leur a volé leur âme.
Les quatre vents de l’esprit, 1881.
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Aldous Huxley, Le meilleur des mondes
« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité, et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe: on diffusera massivement, via la télévision, des informations et des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir. » (image: Pérégrinations autour d’une sphère)
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« L’éducation consiste à comprendre l’enfant tel qu’il est, sans lui imposer l’image de ce que nous pensons qu’il devrait être. »Jiddu Krishnamurti
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Il était une fois un arbre:
Un lieu de vie, de partage et de joie, vivant, heureux et chaleureux, où les anciens sont mis à l’honneur. Leur expérience de vie et leur richesse intérieure respectée. C’est sûr L’Amour et La Lumière prennent de l’envergure sur notre douce terre. https://www.youtube.com/watch?v=BXQ0m_U … e=youtu.be
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« Il faudrait essayer d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple. » Jacques Prévert
L’herbe, dites-vous, ne fait aucun bruit pour pousser, l’enfant pour grandir, le temps pour passer. Vous n’avez vraiment pas l’oreille fine.Pierre Albert-Birot
« Produire et faire croitre, produire sans s’approprier, agir sans rien attendre, guider sans contraindre, c’est la Vertu Suprême. »(Lao Tseu)
« Ni la contrainte, ni la sévérité ne vous ouvriront l’accès à la vraie sagesse, mais bien l’abandon et une joie enfantine. Quoi que vous vouliez apprendre, abordez-le avec gaieté. » H.D.Thoreau
Pour Socrate, éduquer n’est ni transmettre ni imposer de normes ou des certitudes. Éduquer c’est inviter le jeune apprenant à forger ses propres pensées et à les justifier. Il s’agit d’une véritable construction. La raison serait le moteur de cette construction… L’éducateur, n’est qu’un entraîneur. Par ses interrogations, ses sollicitations, ses renvois, il permet à la pensée de se structurer. Socrate donne à la langue un rôle très important puisque c’est par elle que la pensée émerge et se précise. Pour Platon, «L’éducation ne consiste pas à implanter la connaissance dans une âme qui ne la possède pas comme donner la vision à des yeux aveugles. L’aptitude à la connaissance est présente dans l’âme de chacun. Et tout comme un œil se détourne de l’obscurité et se tourne vers la lumière, l’âme doit se détourner du monde du devenir et se tourner vers l’Être Lui-même, jusqu’à ce qu’elle soit capable de voir la Réalité la plus brillante que nous appelons Bonté. C’est ce que l’éducation devrait être : l’art de l’orientation. Les pédagogues devraient concevoir les méthodes les plus simples et les plus efficaces pour tourner le mental vers la Lumière. Non pour y implanter la vision, car il en possède déjà l’aptitude, mais pour corriger son orientation, parce qu’il est à présent mal dirigé et n’est pas orienté de manière correcte.» la République
Exploitation et torture des enfants au vingt et unième siècle: CHINE: L’école de la souffrance
Cette douleur immense, cette colère rentrée, cette violence et cette terreur infligées, que deviendront-elles? Y aura-t-il une chance pour la résilience, une transformation heureuse? Espérons que le « négationnisme » et la terrible torture de ces toutes jeunes âmes ne laisseront pas la place à la haine et au désir insatiable de vengeance. anissa
L’entraîneur compte les secondes tandis que quatre enfants tentent de rester accrochés à une barre dans la salle de gymnastique de l’université de Shangai.
A l’école de gymnastique Li Xiaoshuang, un jeune Chinois souffre pour gagner en souplesse. Xiantao, » la ville des gymnastes chinois « , a déjà produit plusieurs champions olympiques comme Li Xiaoshuang, Yang Wei ou Zheng Lihui. Plus d’une centaine d’enfants âgés de 4 à 10 ans s’y entraînent durement.
Séance de musculation au centre d’entraînement de Xiamen, dans le sud-est du pays.
Voir L’express: http://www.lexpress.fr/
Le cancre
Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le cœur
il dit oui à ce qu’il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec des craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur
Jacques Prévert
A l’intention de nombreux jeunes
Bill Gates a récemment prononcé un discours dans une école secondaire à propos de 10 choses que l’école n’enseigne pas mais qui sont indispensables ! …Il parle de bons sentiments et d’enseignements politiquement corrects qui ont créé des générations de jeunes totalement dépourvus du moindre sens des réalités de la vie; tout en expliquant comment ce « concept » les prédispose à l’échec dans le monde réel, il donne ici dix règles à suivre.
Règle 1: La vie est injuste : il faut vous y habituer!
Règle 2 : Le monde se fout de votre amour-propre. Le monde s’attendra à ce que vous accomplissiez quelque chose AVANT que vous ne vous félicitiez vous-même.
Règle 3 : Vous ne gagnerez pas $60,000 par an en sortant de l’école. Vous ne serez pas vice-président en commençant, avec un portable et une voiture de fonction fournis, avant d’avoir mérité, gagné ces privilèges.
Règle 4 : Si vous croyez que votre professeur est dur avec vous, attendez d’avoir un patron.
Règle 5 : Travailler dans une friterie n’est pas s’abaisser. Vos grands-parents avaient un mot différent pour ça: ils l’appelaient une opportunité.
Règle 6 : Si vous gaffez, CE N’EST PAS LA FAUTE DE VOS PARENTS, arrêtez de pleurer et apprenez de vos erreurs.
Règle 7 : Avant que vous naissiez, vos parents n’étaient pas aussi ennuyeux qu’ils le sont maintenant ! Ils sont devenus comme ça : En payant vos factures, En nettoyant vos vêtements et en vous entendant répéter sans arrêt combien vous êtes bons et cools. Ainsi, avant de sauver les forêts tropicales des parasites de la génération de vos parents, commencez donc par faire le ménage dans votre propre chambre et tout ce qui s’y trouve.
Règle 8 : Votre école s’est peut-être débarrassé du système « gagnant-perdant », PAS LA VIE ! Dans certaines écoles, on a aboli les notes de passage et on vous donne autant de chances que vous voulez pour obtenir la bonne réponse. Ceci n’existe pas dans la vraie vie !
Règle 9 : La vie n’est pas divisée en semestres. L’été n’est pas une période de congé. Et très peu d’employeurs sont disposés à vous aider à VOUS ASSUMER, c’est votre responsabilité.
Règle 10 : La télévision n’est pas la « vraie vie ». Dans la vraie vie, les gens quittent le café et vont travailler.
Si vous êtes d’accord, faites circuler, sinon, mettez-vous la tête dans le sable et prenez une grande respiration. Bill Gates
Nous devrions réfléchir un peu plus à la manière dont nous avons peur aussi de nos enfants tout en vivant dans une culture qui prétend toujours les protéger. Boris Cyrulnik
Boris Cyrulnik: réflexions sur l’enfant, l’école et l’éducation.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser au sentiment de honte ? En travaillant sur la résilience avec nous, les Québécois ont identifié trois facteurs qui empêchent ce processus. L’isolement provoque des altérations cérébrales : au bout de trois semaines sans paroles apparaissent des atrophies du cerveau. Le deuxième facteur est le « non-sens » : pour savoir s’il faut fuir, se débattre ou appeler au secours après un traumatisme, il faut d’abord comprendre ce qui se passe, être capable de donner cohérence à l’évènement par un récit. Enfin, le dernier facteur, c’est la honte. Quand un enfant a honte, il se met lui-même en situation d’arrêt de développement. C’est ce qui m’a donné envie d’entamer ce travail.
Que vous a-t-il inspiré comme réflexions en matière de pédagogie ? J’ai débuté mes études de médecine à l’époque du triomphe du quotient intellectuel : ce fameux QI était supposé résulter d’une sorte de qualité cérébrale, ce qui constitue une explication absurde, pour ne pas dire raciste ou criminelle ! Sont apparues ensuite des explications sociales, en grande partie fondées. Mais on s’est également rendu compte que la vivacité et les performances intellectuelles, le maniement de la langue, étaient fortement corrélés à l’affectivité. Des démarches expérimentales et neuroscientifiques montrent en effet que, dès l’âge de 10 mois, un enfant sécurisé se met en situation d’apprendre rapidement, s’approche spontanément de l’adulte référent, découvre le plaisir d’explorer… Mais un enfant sur trois est en situation d’insécurité, parce qu’il a été malade, parce que sa famille souffre, à cause d’une précarité sociale ou d’une pauvreté de culture dans la niche sensorielle et affective qui l’entoure… Il se place donc, involontairement bien sûr, en situation de mal apprendre. Avant même de parler, ces enfants se préparent déjà à de mauvais résultats scolaires et intellectuels.
Que peuvent y faire les enseignants ? Parmi ces enfants en insécurité, un sur deux éprouvera l’école comme un petit traumatisme. Tous les éducateurs – et parmi eux, les enseignants, qui transmettent des connaissances, mais aussi, à leur insu, une interaction affective – ont du mal avec ces enfants, qui ne sont pas gratifiants, qui répondent mal, qui sont anormalement sages ou agressent parce qu’ils ont peur… Ils sont difficiles à aider alors qu’ils en ont le plus besoin. Or, encore une fois, des expériences ont montré que le comportement des enseignants participe à l’enveloppe affective de l’enfant. Les profs de maths ont, par exemple, un redoutable pouvoir : ils peuvent galvaniser un enfant en lui donnant l’amour de l’algèbre et de la géométrie ou, à l’inverse, l’humilier sans même le vouloir ni s’en rendre compte. Car un enfant qui ne comprend pas les maths se sent idiot, même s’il ne l’est pas. Les profs doivent donc commencer par se montrer sécurisants, par leur manière de parler, leur capacité à reprendre un autre discours si le premier n’a pas été compris, leur volonté de s’adresser à tous… Un autre point important réside dans l’unité et la stabilité des équipes pédagogiques qui rassure les enfants et permet de leur transmettre un projet social
Si vous aviez une mesure à prendre en priorité pour améliorer le système éducatif, que feriez-vous ? Je m’enfuirais ! (Il éclate de rire) Car la tâche est passionnante, mais compliquée. Non, il y a quand même une mesure que je proposerais : c’est d’agir sur l’enveloppe qui entoure un enfant, c’est-à-dire la famille et la culture du quartier. J’entends souvent dire : « il y a beaucoup de violence et les résultats scolaires sont mauvais parce que c’est un quartier pauvre ». Je pense que l’explication est fausse. Je connais beaucoup de pays très pauvres avec d’excellents résultats scolaires, beaucoup de gens très pauvres, très paisibles et très cultivés. En revanche, ce qui démotive, c’est le non-investissement familial et culturel de l’école : elle doit s’ouvrir et agir sur ce qui entoure les enfants. Interrogé par Patrick Lallemant
La parabole du papillon
Un homme trouve le cocon d’un papillon. Un jour, il voit une petite ouverture apparaître et il passe plusieurs heures à observer le papillon qui essaie de sortir par le petit trou. Puis soudainement, le papillon ne semble plus faire de progrès. C’est comme s’il était à la limite de sa capacité et qu’il ne pouvait pas aller plus loin. L’homme décide donc d’aider le papillon. Il prend des ciseaux et coupe le reste du cocon. Le papillon en sort ensuite facilement. Mais le corps du papillon est gonflé et ses ailes sont ratatinées. L’homme continue à observer le papillon et s’attend à ce qu’à tout moment, les ailes grandissent pour soutenir le corps qui se contractera avec le temps. Mais cela ne se produit pas. Le papillon passe en effet le reste de sa vie à se traîner, avec un corps gonflé et des ailes déformées. Il n’arrive jamais à voler.
Ce que l’homme, dans son empressement et animé par des sentiments de compassion, n’avait pas compris, c’est que la constriction exercée par le cocon et la lutte exigée du papillon pour sortir par la petite ouverture étaient les moyens prévus par Dieu pour pousser le liquide du corps du papillon vers ses ailes pour qu’il soit prêt à prendre son envol une fois sorti du cocon… Parfois, les luttes sont exactement ce dont nous avons besoin dans la vie.
Les enfants
Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à la Vie. Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne sont pas à vous. Vous pouvez leur donner votre amour, mais pas vos pensées. Car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez héberger leurs corps, mais pas leurs âmes. Car leurs âmes résident dans la maison de demain que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves. Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux, mais ne cherchez pas à les faire à votre image. Car la vie ne marche pas à reculons, ni ne s’attarde avec hier. Vous êtes les arcs desquels vos enfants sont propulsés, tels des flèches vivantes. L’Archer vise la cible sur le chemin de l’Infini, et Il vous tend de Sa puissance afin que Ses flèches volent vite et loin. Que la tension que vous donnez par la main de l’Archer vise la joie. Car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime également l’arc qui est stable. Gibran Khalil Gibran
« … Qu’avez-vous à alléguer pour la peine de mort ? […] Il importe de retrancher de la communauté un membre qui lui a déjà nui et qui pourrait lui nuire encore. – S’il ne s’agissait que de cela la prison perpétuelle suffirait… Pas de bourreau où le geôlier suffit.– Mais, reprend-on, il faut que la société se venge, que la société punisse.– Ni l’un, ni l’autre. Se venger est de l’individu, punir est de Dieu. La société est entre les deux. Le châtiment est au-dessus d’elle, la vengeance au-dessous. Rien de si grand et de si petit ne lui sied. Elle ne doit pas « punir pour se venger » ; elle doit corriger pour améliorer…Victor Hugo, Préface du Dernier jour du condamné, 1832
« A l’époque où l’on n’a jamais si bien compris la relation mère-enfant, les nourrissons n’ont jamais été si seuls » B.Cyrulnik
RELATION AVEC L’ENFANT
Quand un enfant demande conseil, éclairez la situation autant que possible et laissez l’enfant décider. Il faut encourager l’enfant à trouver, à faire l’expérience. Il faut donner à l’enfant les trois L: Amour (Love) – Lumière (Light) et Liberté (Liberty). La liberté est le plus important des trois parce qu’en général, les adultes s’imposent aux enfants et les empêchent de grandir. L’éducateur ou le parent ne doit pas s’imposer et essayer de conformer l’enfant à lui-même. Ne faites pas de l’enfant un automate. Ne craignez pas que l’enfant fasse des erreurs. C’est seulement en faisant des erreurs, qu’il peut entrer en contact avec la réalité. Si un enfant a tendance à mentir, laissez-le faire et faites-lui comprendre ce qu’est le mensonge et à quoi cela mène. L’enfant doit être libre de faire l’expérience et de se convaincre lui-même. Mieux vaut qu’il fasse une erreur que de respecter les apparences. Le rôle de l’éducateur est d’encourager l’enfant à faire des expériences et à en tirer ses propres conclusions. Dès qu’un enfant sent que vous ne lui voulez pas de mal et que vous êtes avec lui, et non contre lui, il aura confiance en vous. Expliquez autant que nécessaire « si tu agis ainsi, il en- résultera cela, si tu t’y prends autrement, il en résultera autre chose « . Puis permettez à l’enfant de faire ce qu’il lui plaît. Acceptez son choix. Alors il sera convaincu que ce que vous avez indiqué était vrai. Après plusieurs expériences de ce type, la confiance de l’enfant grandit. Il sent qu’il peut s’appuyer sur vous. Dans le futur, il acceptera plus facilement votre avis. « Jusqu’à l’âge de cinq ans, l’enfant doit être traité comme un roi, ensuite comme un serviteur pour une durée de dix ans. Au moment où l’enfant atteint seize ans, il doit être traité comme un ami » (Loi de Manu ….) On dit aussi que lorsque l’enfant vous arrive à l’épaule, il devient un ami. Les six premières années sont cruciales pour développer ou gâter un enfant. Après six ans, on peut influencer son développement, mais très peu. La période de formation d’un enfant sont les six premières années. Alors le moule est façonné. C’est pourquoi l’école maternelle est si importante. Elle doit être dirigée par un fin psychologue. La plus grande influence sur l’enfant vient de la mère. Il est dit: L’instituteur vaut dix fois le guru Le père vaut cent fois l’instituteur La mère vaut mille fois le père. C’est pourquoi les femmes doivent être éduquées particulièrement dans l’art d’élever les enfants. Swami Prajnanpad
« Ne pas imposer aux autres ce que l’on est incapable de faire soi-même. Ne pas exiger des autres ce qu’ils sont incapables de faire eux-mêmes. » Hsing Yun
Le Chêne et le Roseau
Le Chêne un jour dit au Roseau:
« Vous avez bien sujet d’accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d’aventure
Fait rider la face de l’eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d’arrêter les rayons du soleil,
Brave l’effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n’auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l’orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
– Votre compassion, lui répondit l’Arbuste,
Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu’à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu’ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. « Comme il disait ces mots,
Du bout de l’horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L’Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu’il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts. (Jean de LA FONTAINE)
Ne coupe pas les ficelles quand tu pourrais défaire les nœuds. proverbe indien
L’enseignement
Personne ne peut vous apprendre quoi que ce soit qui ne repose déjà au fond d’un demi-sommeil dans l’aube de votre connaissance. Le maître qui marche parmi les disciples, à l’ombre du temple, ne donne pas de sa sagesse, mais plutôt de sa foi et de sa capacité d’amour. S’il est vraiment sage, il ne vous invite pas à entrer dans la demeure de sa sagesse. Il vous conduit jusqu’au seuil de votre esprit. L’astronome peut vous parler de son entendement de l’espace. Il ne peut vous donner son entendement. Le musicien peut vous interpréter le rythme qui régit tout espace. Il ne peut vous donner l’ouïe qui capte le rythme, ni la voix qui lui fait écho. Celui qui est versé dans la science des nombres peut décrire les régions du poids et de la mesure. Il ne peut vous y emmener. Car la vision d’un être ne prête pas ses ailes à d’autres, De même que chacun de vous se tient seul dans la connaissance de Dieu, chacun de vous doit demeurer seul dans sa connaissance de Dieu et dans son entendement de la terre. G.KH.Gibran
Dialogue avec Daniel Pennac,
Chagrin d’école: prix Renaudot 2007
La Croix : Pourquoi publier aujourd’hui un livre qui est à la fois un témoignage et une réflexion sur l’échec scolaire ? Daniel Pennac : Chagrin d’école n’est pas un essai sur l’école mais sur la douleur de ne pas comprendre. J’ai moi-même été un cancre et mon livre parle de la souffrance de l’enfant qui, très tôt, éprouve cette douleur particulière de ne pas comprendre ce qu’on lui enseigne. Il n’assimile pas. Le sens de sa présence en classe lui échappe autant que les finalités d’une institution qu’il va chercher à fuir. Cette douleur du cancre provoque une dépréciation permanente de soi. L’adolescent en échec se sent privé d’avenir, prisonnier d’un présent perpétuel.
Mais ce livre arrive tout de même dans un contexte de fortes tensions au sujet d’une école qui ne parvient pas à faire progresser les élèves En 1969, date à laquelle j’ai commencé à enseigner, j’entendais déjà la salle des professeurs décréter, unanime : « le niveau baisse ». Ce leitmotiv sur la baisse du niveau trahit un autre malaise, l’incapacité de notre société à dépasser la reproduction des élites par elles-mêmes. Mais la vraie difficulté d’enseigner aujourd’hui tient à autre chose : le conflit permanent entre les désirs et les besoins. Nos enfants grandissent dans une société marchande qui s’adresse du matin au soir à leurs désirs superficiels : consommer toujours plus, changer de marques, etc. Or la tâche des professeurs consiste à s’adresser à leurs besoins fondamentaux : lire, compter, raisonner. Très difficile d’enseigner à des enfants chez qui un marketing permanent crée cette confusion entre désirs et besoins. Cette clientélisation de la jeunesse affecte évidemment beaucoup plus les enfants en difficulté scolaire qui, en consommant, se fabriquent des personnalités de substitution. Face à ce problème, tout le reste me semble secondaire.
La souffrance du cancre, dites-vous, est d’autant plus terrible qu’elle entraîne celle des adultes qui l’entourent. La nullité de l’enfant désespère les parents qui craignent pour son avenir et décourage les enseignants qui la vivent comme un échec professionnel. Tout le monde est entraîné dans ce malheur. C’est la raison pour laquelle je refuse de m’attarder sur la responsabilité des uns et des autres. Entendons-nous bien, j’exclus le cas des adultes tortionnaires, des pervers qui se délectent de l’échec ou des éducateurs indifférents. Mais pour la majorité des adultes, l’échec s’installe en dépit de ce que nous avons plus ou moins bien fait. Le sentiment de culpabilité que l’on nourrit alors ne fait qu’enfoncer l’adulte, avec l’enfant, dans une opinion dégradée de lui-même. Mieux vaut chercher des solutions que de désigner des coupables.
Vous n’êtes tout de même pas tendre avec les parents immatures… Je raconte en effet le cas du père d’un de mes élèves qui était venu se plaindre du manque de maturité de son fils et que j’ai croisé, le lendemain, circulant sur le trottoir, dans son costume impeccable, mais à trottinette ! Cette histoire me semble symptomatique d’une société où les frontières disparaissent trop souvent entre parents et enfants, tous réunis dans le même infantilisme consumériste. L’aisance de certains enfants à maîtriser, mieux que les adultes, le maniement de gadgets électroniques dernier cri n’est qu’une pseudo-maturité.Leur côté « branchés » nous fait perdre le sens de leur enfance. Et nous autres adultes, dispersons dans la consommation une bonne part de l’attention que nous devrions porter à l’enfance de nos enfants. Je ne suis pas l’avocat de l’austérité (vive le désir !) mais je déplore l’infantilisation de l’individu par un marketing permanent. Des hommes-enfants face à des enfants-hommes, chacun jouant à autre chose qu’à ce qu’il est et chacun ayant perdu le sens de ce que devrait être l’autre, voilà ce que nous sommes devenus.
À vous lire, on a le sentiment que la réussite, dans une classe, repose sur les talents personnels du professeur… J’ai souvent constaté que la qualité de vie et d’enseignement des collèges et des lycées où l’on m’invite est largement due à la personnalité du directeur, du proviseur, et celle de la classe à la personnalité de l’enseignant. Cela dit, je pense que certaines pratiques pourraient être généralisées. Le théâtre, par exemple, devrait être pratiqué dans tous les établissements au même titre que le sport. L’œuvre répétée et jouée suscite l’esprit de groupe et rend vraiment possible l’immersion dans la langue française. Si tous les élèves, depuis leur plus jeune âge, étaient habitués à jouer des pièces, je suis persuadé que leur capacité à s’exprimer changerait fondamentalement.
Quel est le secret du métier ? L’amour. Mais pas de contresens : il ne s’agit pas de sentimentaliser le rapport pédagogique. Ce que j’appelle l’amour ici est un cocktail fait de passion pour la matière qu’on enseigne, du plaisir de la transmettre et d’une lucidité bienveillante à l’égard de la jeunesse. Ces trois ingrédients me paraissent indispensables au métier de professeur.
Dans certaines cités, en 2007, les jeunes semblent pourtant devenus moins « aimables » que les cancres d’hier ? Sur 12 400 000 élèves, mettons que 50 000 soient responsables de violence au sein des établissements. Soit 0,4 % de la population scolaire. Or, aujourd’hui, lorsqu’il s’agit de l’école, on n’entend plus parler que de cette marge délinquante. Cette stigmatisation de la banlieue qui me scandalise. Les habitants des cités sont, pour beaucoup, les descendants des hommes qui se sont fait tuer sur le Chemin des Dames, à Monte Cassino, ou à Dien Bien Phu. Ils sont aussi les enfants de ceux qui ont construit la France des années 1970. En tant que tels, ils sont nos enfants. Or, les gosses de banlieue sont globalement stigmatisés comme voyous et comme cancres. Je suis scandalisé que les intelligences les plus raffinées se fassent le relais de ce racisme inconscient. Là encore j’y vois le syndrome d’une société qui a perdu le sentiment de la paternité. la croix (19/10/07)